2020 - Une femme guerrière chez les vikings

mercredi 1er avril 2020

Une femme guerrière chez les Vikings.

Mauvaise soirée pour les machistes qui ont regardé sur RMC/Découvertes, mardi 24 mars 2020, un documentaire sur la découverte d’une tombe d’une femme guerrière chez les vikings. Longtemps, les historiens, archéologues et autres mâles, ont considéré que parmi les féroces guerriers, intrépides marins et téméraires explorateurs du monde connu d’alors, ceux que l’on nomme les vikings, il ne pouvait y avoir de place pour les femmes, créatures fragiles, expertes pour élever des enfants, faire la cuisine, écrire de la poésie et coudre les vêtements. Il était inconcevable qu’une femme rivalise avec l’autorité naturelle des hommes, pire soit leur chef et sache manier toutes sortes d’armes, à part celles innées de la féminité. Et pourtant !.
A Birka, ancienne localité viking au centre ouest de la Suède, en 1878, a été fouillée une nécropole par l’archéologue Hjalmar Stople. Birka était un centre commercial pour les vikings, du VIIIe siècle à la fin du Xe siècle, relié à un réseau d’affaires qui allait au-delà des montagnes de l’Oural, dans l’Est et le sud du califat byzantin La cité comptait environ 700 à 1 000 habitants.

Le cimetière comportait 3 000 tombes, dont 1 100 ont été fouillées. Une d’entre elles, la tombe Bj581, a particulièrement attiré l’attention. Bien en vue sur une terrasse dominant la nécropole, elle contenait toute la panoplie de l’armement d’époque : une épée, des flèches, un couteau de combat, une lance, une hache et deux boucliers. De plus, il y avait un ensemble complet de pièces de jeux. Donc l’occupant savait réfléchir à des stratégies pour gagner. Il semblerait que le personnage ait été inhumé assis dans la tombe, puis que le corps ait basculé ensuite. Plus remarquable, une partie de la tombe était surélevée et contenait une jument et un étalon. Ce qui indique le rang élevé de l’occupant dans la hiérarchie de la société de l’époque. Ce ne pouvait donc être qu’un homme, tout le monde en était convaincu.
En 1970, une archéologue du musée historique national de Stockholm, Charlotte Hedenstierna-Johnson, est chargée d’inventorier le contenu des cartons d’ossements car ceux-ci, trop fragiles, n’étaient pas exposés. Sur ceux de la tombe Bj581, elle est intriguée par le bassin qui présente une encoche sciatique plus grande et un large sillon pré-auriculaire, caractéristiques d’un squelette de femme. Les os sont minces et graciles, pas ceux d’un combattant athlétique. Les ossement ne présentent pas de traces de blessure pathologique ou traumatique. L’examen de la croissance des os et l’usure des dents font penser à un âge de trente ans environ, lors du décès. Ces remarques étonnent la communauté scientifique, mais on oublie vite ces observations.

Illustration d’Evald Hansen du plan original de la tombe de Birka, fouillée à la fin du XIXe siècle, en Suède. Sciences et Avenir.

En 2017 pourtant, une équipe de chercheurs de Stockholm et d’Uppsala décide de reprendre l’étude des ossements. Anna Kjelstrôm, de l’université de Stockholm, département d’archéologie et d’études classiques, procède à une analyse ADN d’une dent et d’un os du bras. Les résultats confirment qu’il s’agit bien d’une femme, puisqu’il n’y a pas la présence de chromosome Y, mais ceux de deux chromosomes X. « C’est la première confirmation formelle et génétique d’une guerrière viking femme » déclare le professeur Mattias Jakobson, de l’université d’Uppsala.
Faut-il rappeler pourtant que deux femmes guerrières vikings auraient été retrouvées au début des années 1900, dans une fouille archéologique en Norvège ?
Cette découverte scientifique montre qu’une femme, si elle était intelligente et capable de prendre des responsabilités, pouvait être un membre à part entière d’une société dominée par les hommes. C’était sans doute plus difficile, mais possible. La problématique a-t-elle changé aujourd’hui ?